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PROMENADE EN HOLLANDE

peintres modernes chargés de décorer les salles d’une école de médecine.

Le chef-d’œuvre le plus renommé de Rembrandt est au musée de la Haye : c’est Siméon recevant Jésus au temple. La divinité future du Christ rayonne sur sa tête juvénile ; tout le tableau en est éclairé.

La Suzanne au bain du même maître, est d’une beauté, sous la transparence de l’eau, qui fait se pâmer les deux vieillards.

Je m’arrête devant la Cuisine grasse de Teniers, qu’on dirait inspirée par Rabelais. Quelle ripaille on fera avec tous ces mets amoncelés et qui sont encore à l’état de nature !

L’Alchimiste, du même peintre, est d’un spiritualisme exalté ; chercher l’inconnu, quel qu’il soit, est une aspiration vers l’idéal.

Le portrait de l’Arétin par Albert Durer est une tête dont on n’oublie jamais l’expression.

Deux tableaux de Murillo, la Madone avec l’enfant Jésus et un Berger espagnol, sont deux belles pages de ce maître.

De Salvator Rosa, c’est un sinistre paysage et un Sisyphe plus sinistre encore ; j’aime cette sombre allégorie de l’antiquité, figurant si bien le supplice de l’homme ici-bas : le cerveau fermente, la poitrine est haletante, les bras se tendent, tout son être se roidit pour soulever des montagnes qui retombent