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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/146

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PROMENADE EN HOLLANDE.

sur sa tête et l’écrasent. L’amour, la fortune, la gloire, sont autant de pics ardus où l’homme se brise comme Sisyphe, jusqu’à ce que la mort le couche apaisé sous la pierre du tombeau, qu’il ne soulèvera plus.

Comme contraste, voici du Titien une belle Vierge assise tenant l’enfant Jésus sur ses genoux ; une sainte agenouillée offre des fleurs à la mère et à l’enfant. Tout rayonne et tout sourit dans ce tableau ; c’est l’œuvre d’une foi aimable, que le moyen âge n’assombrit plus.

Même épanouissement dans cette heureuse composition de Léonard de Vinci : l’enfant Jésus et saint Jean s’embrassent et se caressent. Ce sont deux beaux adolescents ; le Dieu et le Prophète s’ignorent encore ; ils préludent à leur mission par une naïve amitié.

Je m’arrête, car les descriptions de tableaux participent toujours de la sécheresse d’une nomenclature.

En sortant du musée, je parcours le cabinet de curiosités chinoises et japonaises. Ce sont là autant de trophées particuliers de la gloire des Hollandais ; ils attestent leurs courses lointaines et leurs conquêtes. Les énumérer est impossible, pas même les indiquer. Je me laisse guider par l’attraction du regard. Je découvre d’abord le modèle de la tour de porcelaine de Nankin, modèle fait sur le lieu même