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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/211

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PROMENADE EN HOLLANDE.

rentrée du temple lui fut interdite. Il s’en consola en étudiant le grec et le latin avec le savant Van der Ende, un chrétien plus tolérant que ses coreligionnaires. Van der Ende avait une fille, dont l’érudition égalait celle de son père ; elle aida Spinosa dans ses études, et celui-ci conçut pour elle un très-vif amour. La docte fille n’y répondit point. Le jeune philosophe chercha à l’oublier et se passionna bientôt pour la méthode de Descartes, qui faisait alors une révolution dans la philosophie.

La renommée du savoir de Spinosa se répandit dans Amsterdam, et les rabbins essayèrent de se le rattacher. Ils lui firent offrir une pension de deux mille florins, s’il consentait à reparaître dans leur assemblée. Spinosa reçut avec ironie cette proposition. Ses ennemis s’exaspérèrent, et un jour qu’il passait devant la synagogue, il reçut dans ses habits un coup de poignard d’un homme qui avait été chargé de l’assassiner. Pour vivre et méditer en paix, il se retira dans la campagne aux environs de Leyde, puis à la Haye.

Ce qui domine dans la vie de Spinosa et ce qui fait la grandeur de cette figure, c’est un dédain profond des honneurs de la fortune et des voluptés. Il vivait du produit des verres d’optique qu’il avait appris à fabriquer. Cette occupation partageait son temps avec ses travaux philosophiques. Son délassement était de faire la chasse aux mouches et de