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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/104

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Braconniers



ON ne peut agir pendant quarante ans comme officier et gardien de pêcheries sans se heurter à des braconniers et découvrir nombre de leurs stratagèmes et de leurs moyens de ne pas se laisser pincer.

Il y a bon nombre d’années, il y avait deux sortes de braconniers sur la Côte Nord, le braconnier de profession, qui s’en faisait un revenu et le braconnier par nécessité, qui faisait du sport en même temps qu’il se procurait de quoi manger. Aujourd’hui, le professionnel a de fait disparu, parce que chaque rivière ou cours d’eau de quelque conséquence dans le pays a son gardien. En outre, il y a un officier de pêcheries dans le pays.

Un braconnier de profession doit avoir tout un équipement sous forme de filets et aussi une couple de canots, s’il veut que son métier illicite le paie. Il doit aussi trouver les moyens de disposer de son poisson, ce qui lui est impossible aujourd’hui, sans qu’il soit découvert.

Les braconniers, deuxième manière, existent encore cependant, et quoiqu’ils ne puissent faire de grands dommages, ils ne laissent pas que de causer bien des ennuis parfois.

Leur équipement est très léger et peut ne consister que d’un filet, d’un harpon, d’une gaffe ou d’un callot, qu’il est facile ou de cacher sur place, ou de souvent jeter à l’écart, lorsqu’on flaire le danger. Ils ont aussi la sympathie des gens, et il n’y a pas moyen de faire rendre témoignage centre eux.

Depuis bien des années, je suis dans l’habitude de voyager la nuit, ou sur des embarcations déguisées, afin d’échapper aux télégraphistes de la côte qui rapportent tous mes mouvements.