Aller au contenu

Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Histoires d’Ours



LA plupart des gens au Canada regardent l’ours noir du pays comme un animal dangereux. Les Sauvages même partagent cet état de frayeur, et quand ils parlent des ours, c’est toujours avec une crainte respectueuse. Le fait est que rarement ils le nomment, ils ne le mentionnent que comme « la bête Sauvage » ou simplement « l’animal ».

Quand l’ours est pris au piège ou aperçu à distance, ils lui parlent et le prient de ne pas tirer vengeance de son trépas. Ils traitent même ses os avec respect. Ils ne les jettent jamais aux chiens comme d’autres déchets, mais les mettent au feu pour les réduire en cendres.

Le crâne en est suspendu à un arbre. Ils ne permettent jamais aux femmes et aux enfants d’en manger certaines parties, comme une patte et la tête. S’il leur arrive par accident de manger un morceau de la patte, ils ont l’impression qu’ils seront exposés toute leur vie à souffrir du froid aux pieds.

À certaines époques, ils célébraient la fête de l’ours, fête à laquelle ils ne permettaient pas aux femmes d’assister, et pour laquelle ils dressaient spécialement un wigwam.

À cette fête on ne mangeait pas autre chose que de la viande d’ours accommodée de diverses manières, rôtie à la broche, bouillie ou cuite en ragoût (sagamité). Le boudin, le saucisson de gras, le gras naturel de l’animal, sont d’autres mets que l’on confectionne avec différentes parties de l’animal. On prépare le saucisson comme suit : on coupe trois ou quatre pieds du gros intestin de l’ours avec tout le gras qui y adhère ; on y introduit une baguette de grosseur appropriée et on attache une extrémité à celle de l’intestin. On tourne le boyau à l’envers et on le nettoie. On le