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Page:Comment fut élaborée la Charte d'Amiens - Eugène MARTY-ROLLAN.pdf/19

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Roubaix ne compte pas des maçons, des chaudronniers, en un mot, des hommes de toutes les corporations, sans que jamais le parti ait essayé de la grouper dans leurs Syndicats respectifs ? Les guesdistes veulent faire du Syndicat un groupement inférieur, incapable d^agir par lui-même. Les syndicalistes affirment au contraire, que c’est un groupement de lutte intégrale, révolutionnaire, et qu’il a pour mission de briser la légalité. Les ouvriers n’ont pas à porter leurs désidérata aux députés qui sont incapables de leur donner complète satisfaction.

Il n’y a que deux classes : celle des exploités et celle des exploiteurs. Entre les deux, il reste toujours l’Etat, qui, avec des baïonnettes, sert de tampon entre les deux classes et empêche la classe ouvrière d’obtenir satisfaction.

Keufer est secrétaire de la Fédération du Livre. Il n’est pas pour la proposition d’accord du Textile. Mais avec lui, la tribune retentira d’un autre son de cloche. Esprit observateur et plein de modération, il fera remarquer qu’en présence de la faiblesse des organisations syndicales, l’intervention des Pouvoirs publics — de la loi — est nécessaire pour protéger les faibles, qu’on ne peut se dispenser de l’action légale ; et il basera son opposition sur le caractère de neutralité susceptible de lui rallier toutes les forces ouvrières, que le Congrès constitutif de Limoges, en 1895, avait donné à la Confédération générale du Travail. Keufer se prononça ainsi : « L’expérience a prouvé qu’il fallait renoncer à une entente permanente ou temporaire