Aller au contenu

Page:Comment fut élaborée la Charte d'Amiens - Eugène MARTY-ROLLAN.pdf/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre la Confédération et le parti socialiste. Chacun de ces organismes a son terrain d’action délimité. Leur action sera convergente et non commune, ni subordonnée. Et pour aboutir à cette action parallèle, l’entente officielle n’est pas nécessaire. Les membres du parti socialiste ont l’obligation, en raison des principes qu’ils professent, d’être les défenseurs des intérêts ouvriers.

« D’autre part, la Confédération doit observer une sincère neutralité vis-à-vis de tous les partis et s’abstenir de faire de l’antimilitarisme et de l’antipatriotisme. Ce sont là des opinions et tous les salariés doivent pouvoir s’abriter dans les Syndicats, sans que leurs convictions philosophiques aient à en souffrir. La Confédération n’est pas une Eglise qui peut prétendre imposer un dogme. Personne, pas plus les anarchistes que les partisans d’autres doctrines, ne peut affirmer l’infaillibilité de leurs conceptions ? La sociologie — objet de tant de controverses — les lois si compliquées qui gouvernent les phénomènes sociaux, ne peuvent pas être invoquées avec la même certitude scientifique que les lois de la mécanique ou de la physique. Ne pas respecter la neutralité absolue, c’est semer la division dans les rangs ouvriers.

Keufer avait élevé le débat et donné un sens profond à la neutralité dans l’organisation syndicale. Keufer s’attire des répliques. Ce fut Broutchoux, mineur de Lens, jeune syndicaliste. Il tint à déclarer sans vouloir faire profession d’antipatriotisme ni d’antimilitarisme que les syndiqués deviennent antimilitaristes lorsque, dans les grèves, ils trouvent toujours l’armée