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Page:Comment fut élaborée la Charte d'Amiens - Eugène MARTY-ROLLAN.pdf/6

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Nous avons déjà montré comment, dès le Second Empire, on n’était pas d’accord sur le rôle qu’il convenait d’assigner au syndicat.

Les Marxistes lui reconnaissaient :

dans le présent, la tâche de formuler des revendications immédiates ;
dans l’avenir, une valeur de rassemblement et d’agitation.

D’accord avec les Marxistes sur le rôle actuel du syndicat, les proudhoniens n’étaient plus d’accord sur le rôle d’avenir : pour eux, le syndicat n’a pas seulement un rôle destructif ; il ne doit pas seulement travailler à jeter bas le régime économique et politique ; il doit aussi permettre de construire un régime nouveau.

Dès que l’activité ouvrière reprend, après la tragique interruption de la Commune, les mêmes courants reparaissent.

Le courant marxiste est représenté par Jules Guesde. Si, en 1876, il se félicite de voir le Congrès ouvrier de la salle « d’Arras » « se distinguer de tous les partis politiques existants, en excluant de ses délibérations tout ce qui n’était pas travailleur manuel, délégué de travailleurs également manuels » [1], Jules Guesde pense bien que cette attitude n’a pas sa raison d’être à l’égard du mouvement politique qui se propose l’émancipation de la classe ouvrière ; bien plus, c’est d’eux qu’il attend la création du parti nouveau ; au congrès de Lyon, en 1878, Dupré, secrétaire de l’Association des tailleurs parisiens et Ballivet, mécanicien de Lyon, se font les défenseurs du collectivisme ; ils ne recueillent que 8 voix sur 177 ; mais l’an suivant, au Congrès de Marseille (1879) où siègent côte à côte 106 délégués de groupes professionnels et 24 délégués des groupes d’études marxistes, ils l’emportent par 73 voix contre 27 et font décider la création de la Fédération du Parti des Travailleurs Socialistes de France.

  1. Jules Guesde. Çà et là. Autour du premier Congrès ouvrier, p. 106. (Rivière, 1914.)