Aller au contenu

Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

petite fille qui frissonnait de froid. Elle poursuivit sa prière.

Mathias s’était levé ; il s’approcha de la femme et lui dit avec rudesse :

— À la porte ! Il n’y a rien à donner… et avisez-vous de revenir ! C’est sûrement pour voir s’il n’y a rien à voler ? Vous êtes trop lâche pour travailler. Dehors, dehors ! et un peu vite !

La pauvresse se retourna prête à quitter la demeure inhospitalière ; mais, soit que Mathias le fît par pure méchanceté, soit que la mendiante ne se retirât pas assez vite, il la poussa elle et son enfant avec tant de brutalité que la pauvre petite fille tomba dans la neige et se mit à jeter les hauts cris. Les yeux flamboyants et menaçant du doigt, la mère s’écria :

— Dieu te paiera cela, scélérat !

Mais Mathias, sans faire attention à la menace, poussa violemment la porte derrière elle, et revint s’asseoir à table en souriant.

Après toute une kyrielle d’imprécations contre les mendiants, les voleurs et les fainéants, ils reprirent tranquillement leur repas interrompu.

— Comment trouves-tu la bouillie, Baptiste ? demanda l’oncle.

— Délicieuse, en vérité, oncle Jean ! Et la pauvre Cécile qui appelle cela un plat de chiens !

Il était facile de lire dans son regard qu’il prononçait le nom de Cécile avec intention.

— Mais à propos, Mathias, ne remarques-tu pas que Cécile s’écarte de plus en plus du bon chemin ? demanda