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Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/372

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faute de la veuve ; mais ces gens hypocrites savent bien ce qu’ils font ! C’est de l’argent qu’ils placent en rente viagère et qui leur rapportera mille du cent !

— Pourtant, Mathias, la mère Anne est pauvre ; lors de la mort de son mari elle ne pouvait payer les droits de l’église ; il est vrai qu’elle a fait faire un cercueil de bois solide et dire quatre messes !… Mais enfin, tu parles d’argent, de gaspillages, de placement à intérêt ! Je ne comprends pas.

— Voyez-vous, oncle Jean, répondit l’autre avec une feinte tristesse, je ne puis plus me taire ; il y a trop longtemps que cela pèse sur ma conscience ! Et puis l’affection que je porte à mon bienfaiteur me l’ordonne…

— Que signifient ces mystérieuses paroles ? Tu me fais trembler !

— Il y a bien de quoi, pauvre oncle Jean ! Écoutez, je vais vous révéler une chose qui vous surprendra ; mais, pour l’amour de Dieu, soyez calme et froid ; si cela devait vous chagriner trop je ne me le pardonnerais jamais !

— Eh bien ? eh bien ?

— Vous savez, oncle Jean, que la mère Anne a un fils ?

— Oui, le petit Barthélemy ; ce polisson, ce bandit qui venait voler nos pommes avant que le mur du jardin fût réparé. Quand il sera grand s’il n’arrive pas à la potence c’est qu’il aura manqué sa carrière…

— Ce que vous dites là, oncle Jean, est arrivé il y a longtemps ; je n’étais pas encore ici. L’enfant est devenu jeune homme. Aujourd’hui il fait d’autres tours qui ne