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Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/373

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valent pas un cheveu de plus. Le dimanche, et souvent pendant la semaine quand il a quelque chose à faire, il court les cabarets ; il boit des pintes entières de bière, il chante, il danse, il rit et il est le boute-en-train partout où l’on chante le mauvais refrain : Vive la joie !

— Vraiment ! C’est une honte ! Et que dit de cela la mère Anne ?

— Bah ! elle est de la même pâte ; elle est aussi folle de son fils que si son nom était déjà dans l’almanach… Et savez-vous maintenant pourquoi à la ferme de la Chapelle on cajole autant Cécile, pourquoi on lui donne tant de friandises, pourquoi on se l’attache en la rendant gourmande, vaine et dépensière ?

— Pourquoi ?

— Parce que la veuve machine en secret une affaire entre Cécile et son fils ; parce qu’elle veut que votre nièce se marie avec son fils. Comprenez-vous, à cette heure, oncle Jean ?

Le vieillard secoua la tête en réfléchissant comme quelqu’un qui doute et ne saisit pas bien ce qu’on veut lui démontrer.

— J’entends bien, dit-il ; mais qu’y a-t-il là de si effrayant qui doive me faire trembler ? En tout cas, je ne puis donner de dot à Cécile.

— Bon oncle Jean ! s’écria Mathias d’un ton de pitié, votre loyal et généreux cœur ne peut concevoir tant de perfidie et d’avidité… Je vais parler plus clairement… La mère Anne est pauvre ; son fils aussi. Vous êtes riche…

— Oh ! oh ! s’écria le vieillard avec horreur, comme