Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/511

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à l’autre du caveau, comme s’il eût cherché une issue pour s’enfuir ; il se lamentait, pleurait, blasphémait, entrait en fureur, poussait des cris et prononçait des mots inintelligibles ; — il monta l’escalier, alla crier à travers la serrure le nom de Catherine, heurta, secoua de nouveau la porte, puis se remit à tourner comme une bête fauve autour de sa prison jusqu’à ce qu’il se heurtât contre la pierre et s’y affaissât enfin, épuisé de lassitude.

— Voilà donc la fin de mon pénible et incessant labeur, murmura-t-il d’une voix sombre. Pour posséder de l’or, je me suis fait démon… ; — j’ai tué un homme ! Et maintenant… maintenant me voici enfermé dans un sombre cachot… personne ne peut m’entendre. Peut-être… peut-être vais-je mourir ici… mourir de faim. Horreurs ! Et si Dieu l’avait décidé ainsi ? C’est comme cela que je voulais en finir avec l’oncle Jean, par la faim. Mourir ! mourir au milieu de l’or ! Râler, agoniser sur des monceaux d’or ! Avoir sous la main le moyen de trouver sur la terre bonheur, puissance, délices de toute sorte, et mourir comme un chien, tomber dans l’enfer pour y brûler éternellement, être maudit et insulté comme un scélérat trop stupide pour réussir dans le mal ! Malédiction !

Ce dernier mot résonna lugubrement sous la voûte… Aucun autre bruit ne vint rompre le silence.

Plus tard on entendit dans les ténèbres des soupirs et des sanglots.

Depuis longtemps déjà Mathias était assis sur la pierre ; plus d’une fois il s’était levé pour revenir bien-