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Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/516

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jeune fille qui épiait en lui chaque signe de vie avec une ardente attention, et tremblait, et pleurait de douleur ou d’espoir, selon que le malade tombait dans une immobilité inquiétante ou que sa respiration devenait plus distincte.

C’était Cécile qui depuis une heure avait silencieusement versé un torrent de larmes, et qui, brisée par la douleur, s’était efforcée de rappeler par son souffle et par ses baisers son pauvre vieil oncle à la vie.

Jeannette se tenait au chevet du lit, prête à seconder Cécile dans les soins qu’elle prodiguait au moribond.

Plus loin, au fond de la chambre, Barthélemy et sa mère agenouillés, adressaient à voix basse et les mains jointes une fervente prière à Dieu.

Le curé était déjà venu près du malade et lui avait administré les saintes huiles ; le médecin, appelé aussi, avait déclaré que le vieillard était épuisé par la faim. Sur quoi il avait ordonné qu’on lui donnât par cuillerées un peu de bouillon de viande et une potion qu’il avait prescrite. La jatte et la fiole qui se trouvaient auprès du lit contenaient les deux remèdes.

Déjà Cécile avait introduit avec précaution plusieurs cuillerées de bouillon dans la bouche de son oncle ; elle croyait remarquer que cela lui faisait du bien et passait peu à peu avec plus de facilité par le gosier, comme si le malade lui-même eût avalé la bienfaisante boisson avec avidité.

Au moment où, après avoir porté à la bouche du vieillard une nouvelle cuillerée, elle allait se retirer, il lui sembla que les lèvres du vieillard se remuaient.