Aller au contenu

Page:Contes chinois publies par Abel-Remusat, 1827, tome troisieme.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Dès que tu me crus mort, ton cœur volage passa à un autre :
Il fit voir ce qu’il était : avait-il été auparavant un moment à moi ?
Il n’y a qu’un instant que tu te donnais un nouvel époux ;
Serais-tu morte pour aller le rejoindre dans le séjour des ombres ?
Les plaisantes funérailles dont tu m’honorais !
Tu me régalais d’un grand coup de hache.
Ce sont ici de vraies funérailles ;
C’est pour te consoler qu’est faite cette chanson avec sa symphonie.
Le sifflement de la hache se fit entendre à mes oreilles,
Et il me délivra du sommeil de la mort.
Les accens de ma voix dans ce concert ont dû aller jusqu’à toi.
Je crève de dépit et de joie : mettons en pièces ces pots et ces plats de terre, ridicules instrumens de ma symphonie :
La fête de tes obsèques est finie. O ! qui t’aurait bien connue ! Tu dois à-présent me connaître.

Tchouang-tseu ayant achevé de chanter, se mit à rêver un moment, et il fit ces quatre vers :

Te voilà morte, il n’y a plus qu’à t’enterrer.
Quand tu me crus mort, tu disais : je me remarierai.