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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/16

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mais esclave de sa parole, ferme dans sa résolution, les larmes de l’un, & les prieres de l’autre ne purent la gagner. Tout ce qu’ils obtinrent, c’est qu’elle différa son départ autant qu’elle pût. Les deux mois étoient écoulés & tous les matins elle formoit la résolution de dire adieu à sa famille, sans avoir la force de prendre congé d’elle le soir. Combattue par des sentimens de tendresse & de reconnoissance elle ne pouvoit pencher vers l’une, qu’elle ne fit injustice à l’autre. Au milieu de ses embarras, il ne fallut pas moins qu’un rêve pour la déterminer. Elle crut être en dormant au Palais de la Bête, & se trouvant dans une allée écartée, au bout de laquelle étoit un fort rempli de brossailles, qui cachoit l’ouverture d’une caverne, d’où sortoient des gémissemens effroyables, elle reconnut la voix