Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/76

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gardant du même air qu’elle me regardoit, il ne fut pas difficile à la Fée de connoître que notre silence exprimoit naïvement des sentimens fort opposés à la joye qu’elle vouloit nous inspirer.

Que signifie ce que je vois ? dit-elle avec aigreur. D’où vient que la mere & le fils ne disent rien ? Cette agréable surprise vous a-t-elle enlevé l’usage de la voix, ou seriez-vous assez aveugles & téméraires pour ne pas accepter mes offres ? Parlez, Prince, me dit-elle : serez-vous assez ingrat & assez imprudent pour mépriser ma bonté, ne consentez-vous pas dès ce moment à me donner la main ?

Non, Madame, je vous assure, repris - je avec précipitation. Quoique j’aye une sincere reconnoissance de ce que je vous dois, je ne puis me résoudre à m’en acquiter de cette sorte, & avec la