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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/82

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nant de mon côté, qu’il faut oublier qui tu es. Si tu te laisses flatter par de vains respects, ou par des titres fastueux, tu es perdu sans ressource, & tu te perds encore, si tu oses faire usage de ton esprit pour plaire dans la conversation.

Après ces mots, elle disparut, & nous laissa la Reine & moi dans un état qui ne se peut ni décrire, ni imaginer. Les plaintes font la consolation des malheureux. C’étoit pour nous un trop foible secours. Ma mère prit le parti de se poignader, & moi d’aller me précipiter dans le canal voisin. Nous allions l’un & l’autre, sans nous l’être communiqué, exécuter un si funeste dessein, mais une personne d’une taille majestueuse & dont l’air inspiroit un respect profond, vint nous faire connoître qu’il y a de la lâcheté à succomber aux plus grands accidens & qu’avec du