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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/94

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Princesse, quel en fut le succès. Le Marchand pour sauver sa vie me promit ce que je lui demandois. Je le vis partir sans pouvoir me persuader qu’il reviendroit avec vous. Je le désirois, & je n’osois m’en flatter. Que de maux j’ai soufferts pendant tout le mois qu’il me demanda ! Je ne désirai d’en voir la fin, que pour être plus certain de mon malheur. Je ne pouvois m’imaginer qu’une jeune personne belle & aimable eût le courage de venir chercher un monstre dont elle croyoit devenir la proie. Quand elle eût eu assez de fermeté, il falloit qu’elle demeurât avec moi, sans qu’il lui fût permis de se repentir de sa démarche, & cela me paroissoit un obstacle invincible. D’ailleurs comment auroit-elle pu supporter ma présence sans mourir de frayeur ?

Je passois ma misérable vie,