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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/191

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tres, qui reparoissoient à l’instant en plus grande quantité que ceux dont elle venoit d’être délivrée.

Cette mere, de qui la tendresse pour l’indigne Pigriéche étoit extrême, jura dans son premier transport la perte de l’innocente Liron ; mais le Démon de l’intérêt qui ne l’abandonnoit jamais, lui représenta incontinent que ce seroit une perte pour elle, puisqu’elle la traittoit en esclave, qu’elle en tiroit le même service, & que ce service étoit d’autant plus considérable que jamais ses troupeaux n’avoient été en meilleur état, que depuis qu’elle lui en avoir confié la garde. Cette considération fut assez puissante pour lui sauver la vie, & Richarde restraignit sa vangeance au plaisir de la tourmenter, projettant de la rendre si malheureuse, qu’elle lui feroit désirer la mort.