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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/86

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moins nécessaire. Vous dites bien, reprit-elle, & je ne m’en soucierois pas si par malheur je n’avois pas mené ma fille voir un jour le marché, & si elle n’y avoit pas trouvé des personnes qui avoient des habits autrement faits que les nôtres, & d’une étoffe plus belle, étant coëffées avec des babioles qu’il nous feroit impossible de faire ici. Cela lui a plû, & le chagrin de n’en point avoir lui a causé une mauvaise humeur que je ne puis empêcher ; puisque je n’ai pas assez d’or pour lui acheter de semblables habits, non plus que tous ces colifichets, & qu’il faut malgré elle qu’elle se contente d’être vêtuë des étoffes que nous faisons, & de se coëffer comme font toutes les villageoises de ce pays ; car outre la disette des especes, c’est que l’embarras d’envoyer vendre une assez grande quantité de nos fruits