Page:Convention - Colonies.djvu/13

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reprocher à cet égard ; mais avec des lois sages et bien combinées, on auroit beaucoup mieux réussi à prévenir tous les malheurs qui les ont déchirées.

L’assemblée constituante, composée en grande partie d’hommes qui n’avaient pas ces connoissances raisonnées des localités, se laissa entraîner dans de fausses mesures, par des colons de la plus insigne mauvaise foi, et par des intrigants qui siégeoient dans son sein. Ces derniers vouloient perdre la chose publique en perdant nos colonies ; et tous ces hommes, coalisés par des intrigues différentes, arrachoient à l’assemblée constituante des lois qui, en servant l’orgueil et les passions des premiers, secondoient les vues perfides des seconds. La première faute que fit l’assemblée constituante, sur l’objet des colonies, fut celle de consentir à partager, avec les assemblées coloniales, le pouvoir législatif, en permettant à ces dernières (sous de vains prétexte ) de faire les lois relatives aux hommes esclaves, et d’une partie des libres. Qu’est-il arrivé de cette faiblesse du corps constituant ? C’est que les lois qui furent demandées, comme pouvant seules assurer les propriétés, ont été précisément celles qui leur ont porté les plus cruelles atteintes ; et ceci est une vérité qu’il ne sera pas difficile de prouver.

Toutes les révolutions faites par le concours du peuple, dans quelque lieu et dans quelques circonstances qu’elles se fassent, échouent toujours, si elles ne sont à l’avantage de la majorité du peuple chez qui elles s’opèrent. Ce n’est donc qu’en donnant des avantages, et en améliorant le sort du plus grand nombre, que vous ferez réussir vos révolutions ; autrement, vous trouverez toujours ce plus grand nombre opposé à vos projets , et agissant en sens inverse de toutes vos opérations.