Page:Convention - Colonies.djvu/14

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D’après cette vérité, examinons si, pour faire réussir notre révolution dans les colonies, on a pris les moyens généraux que nous venons d’indiquer, et si, en prenant des mesures contraires, on ne les a pas plongées dans l’état déplorable où elles sont.

Loin de prendre la mesure salutaire, et la seule qui pût faire réussir notre révolution, celle d’améliorer le sort de la majorité des individus, on a , au contraire, commencé par mécontenter plus de la moitié de la population libre , en refusant aux citoyens de couleur, les droits qu’ils tenaient de la nature et des lois antérieures à la révolution. Rien n’étoit plus adroit de la part de ceux qui ne vouloient pas de cette révolution, car il devenoit indubitable que les citoyens de couleur , de qui on cherchoit à aggraver le sort par la révolution même,, auroient tout entrepris pour la renverser, ou pour jouir de ses bienfaits.

Les colons blancs voloient, pour eux seuls, la révolution, et ils n’étoient tout au plus que la douzième partie de la population des colonies : donc cette révolution ne pouvoit qu’être contrariée par. les onze douzièmes , à qui elle ne donnoit aucun avantage.

Ce que je viens de dire pour les hommes de couleur libres , peut s’appliquer aujourd’hui aux esclaves ; ils forment les neuf dixièmes de la population totale des colonies. On devoit donc les faire participer à cette révolution, non dans toute son étendue, mais les y intéresser , en améliorant considérablement leur sort, de manière à ne pas détruire notre commerce, ni faire souffrir les fortunes particulières. Alors ils eussent été de chauds partisans de cette révolution, et les malveillans eussent échoué dans leurs desseins perfides de les soulever. Contens de leur nouvel état, ils n’auroient jamais