Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Charlotte. Jane et Émilie feront de même, et je vous avoue que je pense qu’elles en ont le droit.

— Clara est heureuse, certainement ; mais le succès d’une imprudence ne doit point être une raison pour en commettre d’autres. Je suis désolée, Edward, d’avoir à vous apprendre de mauvaises nouvelles, et je voudrais pouvoir vous épargner le chagrin qu’elles vont vous faire.

Alors Mrs Wilson, prenant avec affection la main de son frère, lui communiqua tout ce qu’elle avait entendu.

Le baronnet était trop bon père pour ne pas être alarmé des défauts qu’on attribuait à son gendre futur ; et, après avoir remercié sa sœur de sa sollicitude pour le bonheur de ses enfants, il l’embrassa et se retira.

En se rendant à sa chambre à coucher, il rencontra Egerton, qui, à la sollicitation de Jane, venait de reconduire Mrs Jarvis et ses filles, qui n’avaient point de cavaliers.

Le cœur de sir Edward était trop plein pour qu’il ne cherchât pas à se soulager le plus tôt possible, et, persuadé que le colonel prouverait sans peine son innocence, il retourna avec lui au parloir, lui fit part en peu de mots des bruits injurieux qui circulaient sur son compte, et le pria d’en prouver la fausseté par tous les moyens qui seraient en son pouvoir.

Le colonel parut d’abord confondu ; mais, reprenant bientôt son assurance accoutumée, il jura à sir Edward qu’on le calomniait ; que jamais il n’avait joué, que M. Holt était depuis longtemps son ennemi, et que le lendemain matin il lui prouverait à quel point il était bien avec son oncle.

Convaincu par son air de franchise, le baronnet, oubliant qu’il n’avait détruit aucun des soupçons qui planaient sur lui, l’assura qu’il ne doutait plus de son innocence, et que, s’il pouvait convaincre Mrs Wilson qu’il n’était pas un joueur, il le recevrait avec plaisir pour son gendre.

Après cette explication ils se séparèrent.

Denbigh, se trouvant un peu indisposé, s’était retiré de bonne heure ; il était déjà dans sa chambre lorsque les dames rentrèrent et à minuit tous les habitants de Benfield-Lodge étaient plongés dans le sommeil.

— Après un bal, on se rassemble toujours un peu plus tard le lendemain ; cependant, à l’exception du colonel qui n’avait point en-