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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/178

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téger Julia, et de la mettre entre les bras de Mrs Fitzgerald, sa mère, qui demeurait en Angleterre.

L’officier le promit solennellement, et, dès que l’infortuné eut fermé les yeux, il obtint de quelques paysans une charrette, où il fit placer le corps du pauvre Fitzgerald et sa veuve au désespoir.

Le détachement qui avait attaqué le convoi de prisonniers était sorti du camp anglais pour remplir une autre mission ; mais le chef qui le commandait, apprenant qu’ils passaient à quelque distance, avait pris tout à coup la résolution de chercher à opérer leur délivrance. Le pays était couvert d’ennemis, et dès qu’il eut effectué son projet, il donna l’ordre de battre en retraite. Julia resta donc, avec les dépouilles de son mari, sous la garde de son protecteur et des paysans espagnols, et le détachement avait déjà fait plusieurs milles, lorsque la petite charrette se mit en route.

Le rejoindre était impossible ; et ayant appris en route qu’un corps de dragons français avait inquiété leur arrière-garde, la petite troupe fut obligée de chercher un autre chemin pour se rendre au camp. Enfin elle arriva, et le lendemain de l’escarmouche, après bien des inquiétudes et des dangers, Julia se trouva établie dans une chaumière espagnole très-solitaire, à quelques milles des postes avancés de l’armée anglaise. Le corps de son mari fut déposé dans un cercueil, et Julia, en proie à la douleur que lui causait une perte irréparable, n’avait pour distraction que les courtes visites que son protecteur tâchait de dérober à ses devoirs plus importants.

Un mois se passa sans apporter d’autres consolations à Mrs Fitzgerald, que celles qu’elle trouvait à pleurer sur le tombeau de son mari. Cependant les visites de son protecteur devinrent plus fréquentes, et enfin il lui annonça qu’il comptait bientôt partir pour Lisbonne, d’où ils s’embarqueraient pour l’Angleterre.

Une petite voiture couverte, traînée par un seul cheval, devait les conduire dans cette ville, où il lui promit de lui procurer une femme qui l’accompagnerait pendant le reste de la route. Ce n’était ni le lieu ni le moment de montrer une délicatesse déplacée ; et Julia, le cœur brisé, se prépara à quitter tout ce qui lui restait de son malheureux époux, pour obéir à ses dernières volontés.

À peine se furent-ils mis en route, que les manières de son compagnon changèrent totalement ; il devint complimenteur,