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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/247

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même, s’il était possible, qu’elle eût déjà été à la tête d’une maison avant de se charger de la mienne.

Caroline enchantée ne tenait plus sur sa chaise ; elle s’agitait, se tournait de tous côtés, baissait la tête, puis la relevait, puis la rehaussait encore ; enfin, ne pouvant se contenir plus longtemps, elle s’écria :

— Vous exigeriez sans doute, milord, qu’elle fût d’une noble extraction ?

— Moi ? point du tout. Je crois que les meilleures femmes se trouvent dans la classe mitoyenne. Je voudrais que la mienne me dût son élévation… la fille d’un baronnet, par exemple.

Lady Jarvis, qui était entrée pendant ce dialogue et qui y prenait un vif intérêt, s’aventura à demander s’il ne se contenterait pas de celle d’un chevalier. Le marquis ne s’attendait pas à cette attaque, et, craignant qu’on ne projetât quelque nouvelle tentative contre sa personne, il répondit gravement qu’il craindrait qu’une telle alliance ne l’exposât aux reproches de ses descendants.

Lady Jarvis poussa un soupir, et miss Harris, se tournant vers le marquis, le pria d’une voix douce de sonner pour qu’on fît approcher sa voiture. Comme il l’y conduisait, elle se hasarda à demander si Sa Seigneurie avait jamais rencontré une femme selon son cœur.

— Oh ! miss Harris, balbutia-t-il d’une voix qu’il cherchait à rendre tremblante, au moment où elle montait en voiture, comment pouvez-vous me faire une telle question ? En vérité, vous êtes trop cruelle… Partez, cocher.

— Cruelle !… Comment ! milord, s’écria miss Harris vivement. Arrêtez, John !… Cruelle, milord ! Je ne vous entends pas ; et elle mettait la tête à la portière pour entrer dans de nouvelles explications, lorsque le marquis, après lui avoir baisé la main, dit de nouveau au cocher de partir, en ajoutant : — N’entendez-vous pas ce que vous dit votre maîtresse, monsieur ?

Lady Jarvis les avait suivies par suite de son désir de tout voir et de tout entendre. Le marquis la conduisit aussi à sa voiture, et elle lui demanda s’il n’honorerait pas d’une visite sir Timo et sir Henry Egerton. Après lui en avoir fait la promesse, Eltringham rentra dans le salon.

— Quand pourrai-je saluer une marquise d’Eltringham, lui demanda lady Laura, une surtout qui soit conforme au modèle