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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/248

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que vous venez de tracer, et qui remplisse toutes les conditions requises ?

— Aussitôt que miss Harris pourra se résoudre à me faire le sacrifice de sa liberté, répondit-il gravement ; et je rends grâce au Ciel qu’il existe pour les gens timides des personnes de votre sexe qui encouragent la modestie et la réserve du nôtre.

— Je vous souhaite beaucoup de bonheur, milord, s’écria John Moseley. Miss Harris daigna jeter les yeux sur moi pendant une quinzaine de jours ; je crois même, Dieu me pardonne, que j’allais me laisser captiver, lorsqu’un vicomte vint me sauver du danger de tomber dans ses filets.

— Je crois réellement, Moseley, dit le duc en parlant avec feu, et sans se douter qu’il touchât une corde aussi sensible, que s’il doit exister une intrigante dans une famille, il vaut mieux encore que ce soit la mère que la fille.

Toute la gaieté de John s’évanouit un moment, et il répondit à voix basse : — Beaucoup mieux sans doute. Grace jeta un coup d’œil sur le front soucieux de son mari. Elle vit qu’il songeait à sa mère, et elle le regarda tendrement. Ce front si sévère se dérida aussitôt ; les souvenirs fâcheux s’éloignèrent en même temps, et il ajouta : — Je vous conseille, milord, de prendre garde à vous ; il y a longtemps que Caroline Harris s’occupe de semblables spéculations ; elle doit avoir de l’expérience, car dès sa plus tendre jeunesse elle avait les plus belles dispositions pour l’intrigue.

— John, John, dit Edward d’un ton sérieux, sir William est mon ami, et vous devez respecter sa fille.

— Eh bien ! baronnet, dit le marquis, voilà du moins un mérite que je ne lui connaissais pas, et je me tais ; mais comment sir William n’apprend-il pas à sa fille à se respecter elle-même ? Ces femmes qui vont partout quêtant des maris sont de vrais pirates sur l’océan de l’amour ; et d’anciens corsaires comme moi ne peuvent se faire scrupule de leur lâcher quelques bombes. D’abord, j’étais assez simple pour me retirer à mesure que je voyais s’avancer en louvoyant ces petits lougres de mer. Mais vous savez, dit-il, en se tournant vers Mrs Wilson du ton le plus plaisant, que la fuite ne fait qu’encourager à la poursuite, et maintenant je livre bataille pour ma défense personnelle.

— J’espère que vous remporterez la victoire, répondit Mrs