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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/368

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j’aurai peut-être pendant toute ma vie de faire l’amour dans une chaumière.

Quelques jours après, la bonne mère oublia ce petit mouvement de regret en voyant sa fille installée dans Annerdale-House.

Le jour où sir Edward revint avec sa famille dans Saint-James-Square, Pendennyss s’empressa de venir les voir, et, après avoir salué Mrs Wilson, il lui dit en souriant : — Je viens aussi, chère tante, vous chercher pour vous conduire dans votre nouvelle demeure.

Mrs Wilson tressaillit, et, le cœur palpitant d’émotion, elle lui demanda ce qu’il voulait dire.

— Chère Mrs Wilson, répondit-il, ma tante ou plutôt ma mère, après avoir jusqu’à présent servi de guide à mon Émilie, vous ne pouvez vouloir l’abandonner lorsqu’elle a le plus besoin de vos conseils. Je fus l’élève de votre mari, ajouta-t-il en lui prenant les mains avec affection, ne sommes-nous pas vos enfants ? et la même maison ne doit-elle pas réunir trois personnes qui n’ont qu’un même cœur ?

Mrs Wilson désirait en secret et avait à peine espéré une invitation qui comblait tous ses désirs ; en entendant Pendennyss la lui faire d’une manière si touchante et si sincère, elle ne put retenir ses larmes, et pressa tendrement la main du comte. Sir Edward, qui n’était point préparé à perdre la société d’une sœur si chère, désirant ne point abandonner l’espoir de la posséder encore quelquefois, la pressa vivement de partager au moins son temps entre les deux familles.

— Pendennys a raison, mon cher frère, répondit-elle en essuyant de douces larmes ; Émilie est l’enfant de mes soins et de mon amour, et les deux êtres que j’aime le plus au monde sont maintenant unis ; mais, ajouta-t-elle en pressant lady Moseley contre son sein, je ne vous en chéris pas moins tendrement, et ma reconnaissance pour vos tendres soins et votre amitié ne finira qu’avec ma vie. Nous ne sommes qu’une seule famille, et quoique nos devoirs puissent quelquefois nous séparer, nous serons toujours unis par la confiance et l’amitié. J’espère mes chers amis, que vous ne m’en voudrez point si je vous quitte pour aller demeurer avec George et Émilie.

— J’espère que vous habiterez quelquefois votre maison du comté de Northampton, dit lady Moseley à son gendre.