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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/50

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dérables en leur nom. Pour subvenir à ces dépenses, il lui fallut faire de grandes économies, et il avait même voulu suivre l’exemple de sir Edward Moseley, et quitter sa maison de ville pour aller vivre, du moins pendant quelque temps, à la campagne ; mais sa mère avait poussé un cri d’horreur à cette proposition.

— Comment ! Chatterton, quitter Londres au moment où le séjour peut en être le plus utile ? Et au regard qu’elle jetait sur ses filles, il était aisé de voir qu’en disant ces mots elle songeait à leur établissement. Le jeune lord, encore novice dans ces sortes d’affaires, crut simplement qu’elle voulait parler de l’emploi de son père qu’il sollicitait, et qu’il lui serait bien plus difficile encore d’obtenir du fond d’une province. Il se rendit donc aux désirs de sa mère, fit de nouvelles démarches ; mais jusqu’alors elles avaient été sans succès ; et comme il se présentait plusieurs candidats qui avaient des droits égaux ou du moins un nombre égal de protecteurs, l’emploi restait vacant jusqu’à ce qu’un nouveau protecteur plus puissant que les autres fît pencher la balance en faveur de son protégé.

Mrs Wilson ne mettait pas plus de soin à examiner les jeunes gens qui paraissaient faire la cour à sa nièce, que lady Chatterton n’en mettait à épier tous ceux qui approchaient de ses filles. La tâche de la première était bien plus difficile, puisque sa surveillance s’étendait jusque sur le caractère et les principes de l’amant supposé, tandis que l’autre se bornait à supputer le revenu probable dont il jouissait. Que le jeune homme lui eût présenté ses titres de rente, et qu’elle eût vu cinq chiffres au total, c’était tout ce qu’il lui fallait ; et la douairière l’eût admis sur-le-champ sans plus ample informé.

Elle savait que la dot des enfants de sir Edward présenterait ce bienheureux total. John était de plus fort aimable ; Grace, sa seconde fille, était charmante, et rien n’était plus favorable qu’une noce pour le développement d’une passion.

Il ne lui fut pas difficile d’engager son fils à partir sans délai. Chatterton était toujours prêt à faire ce qui lui était agréable, et c’était toujours avec plaisir qu’il allait à Moseley-Hall ; il se laissa persuader qu’il ne souffrait plus de sa chute, et la famille se mit en route la veille du jour fixé pour la noce, persuadée qu’elle arriverait à temps, sinon pour la cérémonie, du moins pour les fêtes qui suivraient sans doute la célébration du mariage.