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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/108

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l’occupe nominalement, comme le plus dévoué de vos amis et de vos serviteurs. J’ai été vivement choqué des indignités auxquelles vous avez été exposés jusqu’à ce jour, et je vous promets dès ce moment la liberté, la bienveillance, et tous les égards auxquels paraissent vous donner tant de titres, votre naissance, votre éducation, et la délicatesse de vos sentiments. Je ne saurais trop me féliciter d’avoir été assez heureux pour faire votre connaissance. Mon plus grand désir a toujours été de cultiver la généreuse faculté de la sympathie ; mais jusqu’à ce jour, diverses circonstances en ont restreint pour moi l’exercice, en grande partie, aux individus de ma propre espèce : j’envisage maintenant la perspective délicieuse de nouvelles affections dans toute la création animale, — et je n’ai pas besoin d’ajouter, parmi les quadrupèdes de votre famille en particulier.

— Si nous appartenons ou non à la classe des quadrupèdes, dit l’étranger, c’est là une question qui a furieusement embarrassé nos propres savants. Il y a dans nos mouvements physiques un caractère équivoque, qui prête quelque peu à la controverse, et en conséquence, je crois, les plus distingués de nos naturalistes ont préféré de classer l’espèce monikine tout entière, avec ses variétés, sous la dénomination de caudœ jactans, ou qui agite la queue, en s’attachant à la partie la plus noble de l’organisation animale. N’est-ce pas là la meilleure des opinions professées chez nous, mylord Chatterino ? demanda-t-il en se tournant vers son jeune compagnon, qui se tenait près de lui dans une attitude de respect.

— Telle a été, je pense, mon cher docteur, la dernière classification sanctionnée par l’Académie, répondit le jeune homme avec un empressement qui prouvait tout à la fois son savoir et son intelligence, et en même temps avec une réserve qui faisait également honneur à sa modestie et à son éducation. La question de savoir si nous sommes ou non bipèdes a vivement agité les écoles pendant plus de trois siècles.

— En vous entendant appeler monsieur par son nom, repris-je avec empressement, je me rappelle, mon cher Monsieur, que nous n’avons encore fait connaissance qu’à demi. Permettez-moi de bannir toute cérémonie et de me présenter moi-même tout de suite à vous, comme étant sir John Goldencalf, baronnet de House-Holder-Hall, dans le royaume de Grande-Bretagne,