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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/124

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ralisme. Permettez-moi, à l’appui de ce que je viens de dire, d’en appeler au témoignage de ceux qui ont rédigé les conditions sur lesquelles nous discutons maintenant. Vous, Monsieur, continua lord Chatterino en s’adressant au capitaine Poke avec une dignité solennelle, avez-vous cru, en rédigeant ce fameux article 10, que vous rédigiez cette disposition, dont les jurisconsultes pourraient se prévaloir ?

Un non fortement accentué fut la réponse énergique de M. Poke.

Lord Chatterino, se tournant alors avec la même grâce du côté du docteur, après avoir remué trois fois la queue d’un air diplomatique, lui dit :

— Et vous, Monsieur, en rédigeant l’article 3, vous imaginiez-vous appuyer et promulguer des principes illibéraux ?

On répondit à sa question par une prompte négative, et le jeune lord s’arrêta et jetant sur moi un regard de triomphe :

— Parfaitement éloquent, tout à fait convaincant, argumentation irréfutable et incontestablement juste ! répondis-je. Mais vous me permettrez de vous rappeler que la validité de toutes les lois dérive de leur sanction. Or la sanction, ou, dans le cas d’un traité, la valeur de la stipulation, ne dérive point de l’intention de la partie qui a pu rédiger par hasard telle loi ou telle clause, mais de l’assentiment des représentants légaux. Dans la circonstance présente, il y a deux négociateurs, et je vous prie de me permettre de leur adresser quelques questions, en suivant l’ordre inverse de celui que vous avez adopté dans votre interrogatoire ; et nous pourrons peut-être obtenir de nouvelles lumières sur le quo animo.

Puis m’adressant au philosophe : — Vous, Monsieur, lui dis-je, en donnant votre adhésion à l’article 10, pensiez-vous sacrifier la justice, soutenir l’oppression et prêter appui à la violation du droit ?

Il répondit par un non solennel, et, j’en suis certain, éminemment consciencieux.

— Et vous, Monsieur, dis-je au capitaine Poke, en sanctionnant l’article 3, vous imaginiez-vous le moins du monde que les ennemis de la race humaine pourraient donner à votre approbation cette interprétation, que les porteurs de peaux de bison ne sont pas sur un pied parfait d’égalité avec les Monikins les plus distingués ?