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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/147

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on marchait vers le progrès. À cette époque, les arts mécaniques étaient arrivés chez nous au plus haut degré de perfection ; — nous les avons depuis abandonnés en grande partie, comme inutiles et peu convenables dans un état avancé de civilisation ; — nous portions des habits, nous construisions des canaux, nous accomplissions tous les ouvrages qui étaient en grand honneur parmi l’espèce de laquelle nous venions. À cette époque aussi tout le peuple monikin ne formait qu’une seule famille, régie par les mêmes lois, livrée aux mêmes travaux. Mais il s’éleva dans le pays, sous la direction de chefs ardents et fougueux, une secte politique, qui attira sur nos têtes la juste vengeance de la Providence, et une foule de maux qu’il faudra des siècles pour réparer. Cette secte eut bientôt recours au fanatisme religieux et aux sophismes philosophiques pour arriver à ses fins. Son nombre, ses forces s’accrurent rapidement ; car nous autres Monikins, nous sommes, comme les hommes, avides de nouveauté. Enfin, elle en vint à des actes de trahison ouverte contre la Providence elle-même. La première preuve qu’elle donna de sa folie, ce fut de poser en principe qu’on avait fait injure à la race monikine en plaçant dans leur région la soupape de sûreté du monde. Quoique nous dussions évidemment à cette circonstance même la douceur de notre climat, la valeur de nos possessions, la santé de nos familles, que dis-je ? notre existence même, comme espèce indépendante, ces malheureux s’insurgèrent contre leur allié le plus sûr et le plus dévoué. De prémisses spécieuses on passa aux théories, des théories aux déclamations, des déclamations aux outrages, des outrages aux hostilités ouvertes. La discussion dura pendant deux générations, et alors, les esprits ayant été montés au degré de folie nécessaire, les chefs de partis, qui étaient parvenus à se mettre en position de diriger les affaires monikines, convoquèrent une assemblée de tous leurs partisans, et firent adopter quelques résolutions qui ne s’effaceront jamais de ma mémoire, tant les conséquences en furent fatales et les effets désastreux. Les voici mot pour mot :


« À une assemblée extrêmement nombreuse des Monikins les plus patriotes, tenue dans la maison de Peleg Pat (nous employions encore les dénominations humaines à cette époque), en l’an du monde 3007 et de l’ère monikine 317, Plausible Shout fut