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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/354

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travail ; que le laboureur méritait un paiement, et que, pour sa part, il ne se sentait pas une grande disposition d’aider au travail difficile et fatigant de faire des lois, s’il n’entrevoyait pas une certitude raisonnable d’en retirer quelque profit. Il trouvait que Leaplow avait suffisamment de lois, plus que le gouvernement n’en respectait et n’en faisait suivre, et que si le pays en désirait davantage, il fallait payer pour les avoir. Il devait, disait-il, saisir la première occasion pour proposer que nos émoluments, ou du moins les siens, les autres pouvant agir comme ils l’entendaient, fussent élevés au moins de deux dollars par jour, pour siéger simplement à la chambre, car il essaya de m’engager à proposer un amendement par lequel on en accorderait autant aux comités. Il ne pensait pas qu’il fût juste d’exiger qu’un membre de la chambre appartînt à un comité pour rien, quoique la plupart l’eussent fait jusqu’alors, et si l’on nous donnait deux devoirs à remplir, le moins qu’on pût faire était de nous donner deux paies. Il ajoutait qu’en considérant les travaux de la législature sous le point de vue le plus favorable, ils fatiguaient cependant le cerveau ; déjà il n’était plus le même homme depuis qu’il s’y était consacré, et il assurait que ses idées étaient quelquefois si compliquées, qu’il ne pouvait plus trouver celles dont il avait besoin, et que depuis qu’il était à la chambre il avait souhaité mille fois une cauda, afin qu’en la tenant par l’extrémité dans sa main, comme un balant, il eût au moins quelque chose pour s’appuyer. Il me dit, sous le sceau du secret, qu’il était tout à fait las de fouiller dans ses pensées pour deviner ce qu’il fallait faire, et qu’il avait résolu de se mettre sous la protection d’un Divin. Il s’occupait lâcher cher celui qui lui conviendrait le mieux, et il était à peu près déterminé à suivre l’étendard du grand Divin des Perpendiculaires, car cela occasionnerait moins de confusion dans les rangs et permettrait à son esprit de se reposer de ses fatigues. Ses huit dollars par jour pourraient lui être de quelque avantage, pourvu que son Divin lui épargnât l’embarras de prendre une détermination dans les chambres ; il pourrait alors porter son attention sur un autre sujet. Il songeait à écrire ses voyages, car il avait entendu dire que tout ce qui était étranger avait un grand succès dans Leaplow, et que d’ailleurs si ces voyages ne réussissaient pas, il pourrait toujours faire des cartes pour vivre.

Peut-être est-il nécessaire d’expliquer ce que Noé voulait dire