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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/407

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environnantes, et les voiles d’un bâtiment se montraient à travers les buissons qui garnissaient comme une frange une de ces îles situées au sud-ouest. Ce bâtiment ne portait que ce que les marins appellent les voiles majeures, mais alors la force du vent était si grande que sa forme blanche semblait voler à travers les percées de feuillage, avec la vitesse d’un cheval de course ; il ressemblait à un nuage courant dans les cieux.

— Ce ne peut être Jasper, — dit Pathfinder d’un air désappointé, car il ne reconnaissait pas le cutter de son ami dans cette rapide vision. — Non, non, il a laissé passer l’heure, et c’est quelque bâtiment que les Français auront envoyé au secours de leurs amis, ces maudits Mingos.

— Cette fois-ci vous vous trompez, ami Pathfinder, quand même cela ne vous serait jamais arrivé auparavant, — répondit Cap d’un ton auquel la circonstance critique dans laquelle ils étaient placés n’ôtait rien de son pédantisme. — Eau-douce ou Eau-salée, c’est bien la têtière de la grande voile du Scud, car les toiles en pointe sont plus petites qu’on ne les fait ordinairement, et puis vous voyez que la corne est jumelée ; c’est proprement fait, j’en conviens, mais elle est jumelée.

— Je ne puis rien voir de tout cela, je l’avoue, — répondit Pathfinder pour qui tous les termes de son compagnon étaient du grec.

— Non ? en vérité cela me surprend, car je croyais que vos yeux pouvaient tout voir ! Pour moi, il n’y a rien de plus positif que cette voile et cette corne, et je conviens qu’à votre place, mon honnête ami, je commencerais à craindre de voir ma vue baisser.

— Si c’est réellement Jasper, je ne craindrai pas grand-chose. Nous pouvons défendre le fort contre toute la nation des Mingos pendant au moins huit ou dix heures ; et si nous avions Eau-douce pour couvrir la retraite, je ne désespérerais de rien. Dieu veuille qu’il ne s’amarre pas au rivage et qu’il ne tombe pas dans une embuscade comme le sergent !

— Oui, voilà le danger. On aurait dû convenir de signaux, s’assurer d’un bon mouillage avec des bouées ; et même une quarantaine ou un lazaret nous auraient été utiles, si les Mingos respectaient les lois. Si ce garçon aborde n’importe où dans les environs de cette île, on peut regarder le cutter comme perdu. Mais après tout, maître Pathfinder, ne devrions-nous pas penser