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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/27

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Cet ordre fut exécuté à l’instant, et le jeune roi entra dans Osma au son des trompettes, entouré d’un fort détachement d’hommes d’armes, et suivi par la moitié de la population de la ville, éveillée en sursaut et surprise.

— Il est heureux, Sire, dit don Andrès de Cabréra, le jeune seigneur dont il a déjà été parlé, qui marchait alors familièrement à côté de don Ferdinand, que nous ayons trouvé une si bonne auberge sans avoir d’écot à payer, car c’est une triste vérité que maître Ferréras a perdu, par sa négligence, la seule bourse qui existât parmi nous. Dans un tel embarras, il ne nous aurait pas été facile de continuer à jouer plus longtemps le rôle de marchands, car quoique les drôles soient dans l’habitude de faire marchander tout ce qu’ils vendent, ils ne sont pas fâchés de laisser voir qu’ils ne manquent pas d’or.

— À présent que nous sommes dans la Castille, don Andrès, répondit le roi en souriant, nous compterons sur ton hospitalité ; car nous savons que tu as toujours deux des plus beaux diamants du monde à ta disposition.

— Moi, Sire ! Il plaît à Votre Altesse de s’amuser à mes dépens et je crois que c’est en ce moment le seul plaisir que je sois en état de payer. Mon dévouement à la princesse Isabelle m’a fait chasser de mes domaines, et le plus humble cavalier de l’armée aragonaise n’est pas en ce moment plus pauvre que je ne le suis. Quels diamants puis-je donc avoir à ma disposition ?

— La renommée parle favorablement de deux brillants qui sont enchâssés sous les sourcils de doña Béatrix de Bobadilla et j’ai entendu dite qu’ils sont entièrement à ta disposition ; — autant du moins que l’inclination d’une noble damoiselle peut les laisser à celle d’un chevalier loyal.

— Ah ! Sire, si notre aventure se termine aussi facilement qu’elle commence, je pourrai sans doute espérer que votre faveur royale me sera en aide dans cette affaire.

Le roi sourit à sa manière tranquille, mais le comte de Tréviño étant arrivé près de lui en ce moment, la conversation changea de sujet. Ferdinand d’Aragon dormit profondément cette nuit ; mais, au lever de l’aurore, lui et tous ses compagnons étaient en selle. Ils partirent d’Osma d’une manière toute différente de celle dont ils y étaient arrivés. Ferdinand alors se montrait en chevalier, monté sur un noble coursier andalous, et tous ceux qui le suivaient avaient repris encore plus ouvertement le