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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/340

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à cette destination. Nos simples et paisibles fêtes durèrent plusieurs jours ; car le mariage de Neb et de Chloé ayant suivi de très-près le nôtre, ce fut un bon prétexte pour prolonger les danses jusqu’à la fin de la semaine.

Marbre remit son large pantalon de matelot immédiatement après la cérémonie, et alors il prit part de tout son cœur à la joie générale. Il offrit même à Chloé d’être aussi son garçon de noce ; mais l’offre fut refusée.

— Merci, monsieur Marbre, merci, lui dit-elle. La couleur être la couleur. Vous être blanc, nous être noirs. Le mariage être chose très-sérieuse ; et pas vouloir de mauvaises plaisanteries sur mon union avec Neb Clawbonny.



CHAPITRE XXX.


Ce mal est au-dessus de mon art ; cependant J’ai connu des somnambules qui sont morts saintement dans leur lit.
Macbeth.



Le mois de miel se passa à Clawbonny, et il fut suivi d’un grand nombre d’autres. Je n’ai jamais vu d’homme plus heureux que M. Hardinge depuis qu’il m’avait pour gendre. Je crois en vérité qu’il avait encore plus d’attachement pour moi que pour Rupert. Et cependant il mourut, comme il avait vécu, dans l’ignorance du véritable caractère de son fils. Il eût été cruel de le détromper, et rien ne nécessita des explications qui auraient été si pénibles. Rupert continua sa vie folle et dissipée, mais sa vanité et son égoïsme le préservèrent des écarts qui auraient pu compromettre gravement son honneur. Il eût dépensé en peu d’années la fortune de Lucie et la mienne, s’il en eût été le maître ; mais, grâce aux sages dispositions qui avaient été prises, il fut obligé de régler à peu près ses dépenses sur la pension que nous lui faisions. Nos relations se bornaient à quelques visites de cérémonie. Il était pour moi M. Hardinge, comme j’étais pour lui M. Wallingford ; les noms de Miles et de Rupert n’existaient plus entre nous. J’ai hâte d’achever son histoire