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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/177

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lérat dès qu’on possède une terre que d’autres voudraient posséder eux-mêmes sans avoir la peine de l’acheter et d’en payer le prix.

Je me contins cependant, et je laissai à l’honnête et loyal Susquesus le soin de défendre mon père.

— C’est faux, répondit l’Indien d’un ton ferme. C’est un gros mensonge ; des langues fourchues disent cela. Je connais le général, j’ai servi avec lui, c’est un bon guerrier, un honnête homme. Qui dit le contraire en a menti, et je le lui dirais en face.

— Je ne sais pas, marmotta M. Mille-Acres d’une voix traînante, comme quelqu’un qui se voit acculé dans une position qu’il ne peut plus défendre ; je ne fais que répéter ce que j’ai entendu dire. Mais nous voici à la hutte, Sans-Traces, et je vois par la fumée que la vieille Prudence et ses filles ne sont pas restées oisives ce matin, et que nous trouverons quelque chose à mettre sous la dent.

En disant ces mots, M. Mille-Acres s’arrêta à un endroit favorable sur le bord de l’eau, et il se mit à se laver les mains et la figure ; opération qu’il remplissait alors pour la première fois de la journée.


CHAPITRE XVII.


Il s’approcha du fauteuil du monarque, puis, avec une simplicité rustique, sans incliner ni la tête ni le corps, il dit à peu près ces paroles.
Marmion.


Tandis que le squatter était ainsi occupé à faire sa toilette avant de prendre son repas du matin, j’eus un moment de loisir pour regarder autour de moi. Nous étions montés sur la hauteur où s’élevait le moulin, et il s’y trouvait un espace d’une soixantaine d’acres, qui avait été déblayé en partie et qui offrait quelques traces de culture. On voyait que l’occupation devait être d’une date assez récente, et, en effet, je sus plus tard qu’elle ne