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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/207

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instruire le porte-chaîne et sa bande de ce qui s’est passé ici ce matin. Je ne sais pas encore moi-même combien de temps vous resterez avec nous ; mais ce que je puis vous promettre, ce sont les meilleurs procédés et un accueil des plus bienveillants, tant que vous vous tiendrez tranquille. Je sais ce que vaut la parole d’une Peau-Rouge, et il est très-possible qu’après y avoir réfléchi un peu, je vous laisse vous promener en liberté dans la clairière, pourvu que vous me donniez votre parole de ne pas vous en aller. J’y songerai, et nous en reparlerons demain matin. Pour aujourd’hui, vous allez tenir compagnie dans le magasin au jeune imprudent que vous avez amené ici.

En effet la porte de ma prison s’ouvrit, et je vis entrer l’Onondago à qui l’on avait ôté ses liens, et qui était toujours aussi impassible ; après quoi la porte fut barricadée de nouveau, et je fus laissé seul avec Susquesus. Cette fois ce fut une des jeunes filles qui resta en sentinelle près du bâtiment. J’attendis un moment pour être certain qu’on ne pouvait plus nous entendre, et alors je me mis à causer avec mon ami.

— Je suis bien fâché de ce qui arrive, Susquesus, dis-je en commençant ; car j’avais espéré qu’avec votre connaissance des bois, et grâce à la légèreté de votre marche, vous dépisteriez ceux qui vous poursuivaient, et que vous pourriez porter à mes amis la nouvelle de mon emprisonnement. C’est une cruelle déception pour moi, qui me croyais certain que le porte-chaîne allait apprendre où j’étais.

— Eh bien, pourquoi penser autrement à présent ? Vous supposez que, parce que l’Indien est prisonnier, il n’est plus bon à rien ?

— Vous ne voulez pas dire que vous êtes ici de votre propre consentement !

— Pourquoi non ? Si je n’avais pas eu besoin de venir, je ne serais pas venu. Vous pensez que les enfants de Mille-Acres atteindraient Susquesus dans les bois, quand il ne le veut pas ? Oui, l’hiver vient et l’été vient. Oui, les cheveux gris viennent aussi. Oui, Sans-Traces se fait vieux petit à petit ; mais le mocassin ne laisse pas encore de traces.

— Comme je ne puis comprendre pourquoi, après vous être