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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/32

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cune allusion… À moins, toutefois, que quelques remarques vagues à une seule personne…

— Faites par vous, sans doute, à votre amie Priscilla ?

— Jamais ! s’écria vivement Catherine. C’est un sujet qui ne pouvait être traité entre nous.

— Alors ce fut entre les deux mères ?

— Je ne crois pas. Mistress Bayard est une femme d’une réserve extrême, et maman a un sens trop exquis des convenances pour s’être avancée prématurément à ce sujet.

— Ah ! çà mais, c’est donc le général qui a entrepris de me marier, pendant que j’avais le dos tourné ?

— Papa ! il a bien le temps, vraiment ! Depuis son retour, il a recommencé de plus belle à courtiser maman, comme il le répète sans cesse.

— Certes, ce n’est pas « tante Mary » qui aurait songé à faire quelque allusion de ce genre ?

— Elle ! Cette bonne tante vit toute renfermée en elle-même. Savez-vous, mon ami, que maman m’a raconté toute son histoire, et pourquoi elle a toujours refusé obstinément tant de si beaux partis ?

— Le général me l’a dit. Mais, cependant, si cette allusion n’a été faite ni par mon père, ni par ma mère, ni par ma tante, si elle ne s’est adressée ni à M. Bayard, ni à sa femme, ni à sa fille, et que, cependant, elle ait eu lieu, faites attention, petite sœur, qu’il ne reste que deux personnes entre qui elle ait pu être échangée, M. Thomas et vous. N’êtes-vous pas de mon avis ? Voyons, parlez, vous qui êtes la franchise même.

Catherine était prise au trébuchet ; il n’y avait plus moyen de faire retraite, et je jouissais de son embarras qui la rendait plus charmante encore. Après n’avoir hésité que le temps strictement nécessaire pour reprendre un peu d’assurance, elle me répondit, en me regardant d’un air où se peignait la plus grande confiance :

— Je voulais laisser à ma mère le soin de vous apprendre une circonstance à laquelle je suis sûre que vous prendrez un vif intérêt. Mais, plutôt que de paraître manquer de franchise pour mon bon frère, je sortirai de la réserve qui m’est imposée.