Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/330

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toujours cette partie du pays. Le mobilier appartenant à la famille n’était ni somptueux, ni considérable. Je tins ma promesse, et tout était transporté à bord du bateau le lendemain matin. J’appris indirectement par Laviny que Prudence avait reçu la cargaison, et qu’elle me remerciait de cette faveur. Une grande partie des trains de bois qui étaient déjà sur la rivière tombèrent entre les mains des squatters, que je ne cherchai plus à inquiéter, et le reste fut vendu pour indemniser les hommes qui avaient montré un louable empressement à prêter main-forte à la loi en venant à notre secours.

Le lendemain nous fîmes nos apprêts pour quitter la clairière abandonnée. Des dispositions furent prises pour transporter le corps du porte-chaîne à Ravensnest. Ursule prit les devants avec Laviny, accompagnée de son frère. Nous fîmes une halte aux huttes du porte-chaîne, où nous passâmes la nuit. À la pointe du jour, notre lugubre cortège se remit en marche. Ursule et Frank nous précédèrent encore ; ils arrivèrent à Ravensnest une heure avant le dîner ; mais ceux qui escortaient le corps ne pouvaient aller aussi vite, et le soleil allait se coucher lorsque la maison parut à nos yeux.

En approchant, je vis un certain nombre de chariots et de chevaux dans le verger qui s’étendait à l’entour. Je crus d’abord que c’étaient les fermiers qui s’étaient réunis pour rendre un dernier hommage au porte-chaîne ; mais la vérité ne tarda pas à m’être révélée. Quelques pas plus loin, j’aperçus mes chers parents en personne, le colonel Follock, Kate, Priscilla Bayard et son frère, et jusqu’à ma sœur Kettletas. Par derrière, accourait, aussi vite que la faiblesse de ses jambes le permettait, ma vieille et respectable grand’mère elle-même !

Ainsi se trouvait rassemblée presque toute la famille Littlepage, avec quelques bons et intimes amis. Frank Malbone était avec eux, et sans doute il leur avait déjà raconté ce qui s’était passé, de sorte qu’on ne fut pas surpris de voir paraître notre triste cortège. Il m’était facile de m’expliquer de mon côté comment mes parents se trouvaient là. À la réception du message de Frank, tout le monde s’était mis en route, comme je m’y étais attendu.