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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/16

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soudaine de cette colossale institution financière, la soi-disant banque des États-Unis, après qu’elle eut cessé d’être une banque du gouvernement, jeta un tel trouble dans la circulation que les paiements, par tous les moyens connus, devinrent impossibles. Je sais ce que je dis, et je répète impossibles. Il est bien connu que beaucoup de personnes, accoutumées à l’opulence, furent obligées de porter leur vaisselle à la monnaie, afin de se procurer de l’argent pour aller au marché. Et puis on peut bien attribuer quelque chose aux institutions, sans attaquer la probité d’un peuple. Nos institutions sont populaires, de même que celles de la France ne le sont pas ; et le peuple, le créancier intérieur, avec son compte impayé, et ses amis et parents dans la législature, prêts à lui venir en aide, combattit d’abord pour son propre argent, avant d’en laisser envoyer au dehors.

— Et cela était-il parfaitement délicat, Monsieur ?

— Certainement non ; c’était parfaitement indélicat, mais aussi parfaitement naturel. Supposes-tu que le roi de France se priverait de sa liste civile, ou ses ministres de leurs appointements ; si les circonstances forçaient le pays à suspendre le paiement de la rente pendant un an ou deux ? J’ose affirmer que tous et chacun d’eux se donneraient la préférence comme créanciers et agiraient en conséquence. Chacun de ces pays a suspendu ses paiements de manière et d’autre, et, dans bien des cas, ont balancé leurs comptes avec l’éponge. Aussi leurs clameurs contre nous sont calculées dans un but politique.

— Cependant j’aurais désiré, par exemple, que la Pensylvanie eût continué ses paiements à tout risque.

— C’est fort bien de désirer, Hughes ; mais c’est désirer, une impossibilité. D’ailleurs toi et moi, en notre qualité de New-Yorkistes, nous n’avons rien à faire de la dette pensylvanienne, pas plus que Londres n’aurait à s’occuper de la dette de Dublin ou de Québec. Nous avons toujours payé nos rentes, et payé même plus honnêtement, si l’honnêteté est introduite dans la question, que l’Angleterre n’a payé les siennes. Lorsque nos banques suspendaient leurs paiements, l’État paya ses intérêts en papier en quantité suffisante pour acheter sur la place les espèces équivalentes tandis que l’Angleterre fait de son papier la monnaie courante, et a, pendant environ vingt-cinq ans, payé l’intérêt de sa dette en papier qui ne s’escomptait qu’avec des pertes considérables. J’ai