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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/17

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connu un Américain qui avait dans les rentes anglaises près d’un million de dollars, dont il a dû pendant une longue série d’années recevoir les intérêts en papier non négociable. Non, non, vois-tu, tout cela ce sont des mots, et nous ne devons pas en être considérés une particule de moins que nos voisins. L’égalité de nos lois, voilà de quoi je me glorifie !

— Si les riches avaient des chances égales aux pauvres, oncle Ro.

— Quant à ça, je l’avoue, il y a quelque chose à dire mais ce n’est pas d’une grande importance.

— Et puis la dernière loi sur les faillites ?

— Ah ! ce fut un infernal procédé ; il faut aussi que j’en convienne. Ce fut une législation spéciale, établie pour payer certaines dettes particulières, et la loi fut abolie aussitôt qu’elle eut atteint son but. Il y a là certainement dans notre histoire une tache plus ineffaçable que ce qu’on appelle répudiation, quoique des hommes parfaitement honnêtes aient voté la loi.

— Avez-vous entendu parler d’une farce qu’on a jouée à ce sujet à New-York, immédiatement après notre départ ?

— Jamais ; qu’était-ce donc ? quoique après tout la plupart des pièces américaines ne vaillent guère mieux que des farces.

— Celle-ci ressort un peu du commun, et ne manque pas d’esprit. C’est la vieille histoire de Faust, dans laquelle un jeune débauché se vend au diable, corps et âme. Un certain soir, pendant qu’il fait bombance avec de joyeux compagnons, son créancier arrive, insiste pour voir le maître, et se fait introduire. Le voilà qui entre avec son pied fourchu et ses cornes, et aussi, je crois, avec sa queue ; mais Tom n’est pas homme à s’effrayer de bagatelles, il insiste pour que ce nouvel hôte prenne un siége, boive un verre de vin, et invite Dick à finir la chanson interrompue. Cependant, quoique le reste de la compagnie n’eût signé aucun contrat avec Satan, quelques-uns des convives avaient certaines autres dettes non inscrites qui les mettaient mal à l’aise. Enfin l’odeur de soufre devenant trop forte, Tom se lève, aborde son hôte, et lui demande quelle espèce d’affaire l’appelle chez lui. — Cette obligation, Monsieur, dit Satan d’un air significatif. — Cette obligation ? eh bien, après ? Elle paraît en règle. — N’est-ce pas là votre signature ? — J’en conviens. — Signée de votre sang ? — Facétie de votre part ; je vous ai dit dans le temps que l’encre était aussi bonne aux yeux de la loi. — L’échéance est passée de