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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/168

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écrit qui m’autorise à visiter en tout temps mes fermes, pour surveiller mes intérêts, et cependant je doute qu’il soit sans danger pour moi d’en visiter une seule, aujourd’hui que s’agite l’esprit de désordre et d’égoïsme.

— Remettez votre déguisement, monsieur Littlepage, dit vivement Mary, ne perdez pas un instant.

Je fis ce qu’elle désirait, et il me sembla qu’elle paraissait aussi contrariée que moi lorsque cette horrible perruque couvrit de nouveau mon chef.

— Suis-je aussi bien arrangé qu’à notre première rencontre, mademoiselle Warren ? Ai-je encore l’apparence d’un musicien ambulant ?

— Je ne vois aucune différence, répliqua-t-elle en riant. En vérité, je ne crois pas que Marthe elle-même vous reconnût maintenant pour la même personne que vous étiez tout à l’heure ?

— Mon déguisement alors est parfait. J’avais l’espoir que, tout en me cachant aux yeux de mes ennemis, il laisserait quelque chose qui pût être deviné par mes amis.

— Il y a quelque chose, en effet ; maintenant que je sais qui vous êtes, je ne trouve aucune difficulté à retracer des lignes de ressemblance avec votre portrait qui est dans la galerie de famille à Ravensnest. Les yeux, d’ailleurs, ne peuvent être changés sans des sourcils artificiels.

Ces paroles étaient consolantes ; mais pendant tout ce temps, M. Warren et mon oncle avaient été complétement oubliés. Peut-être était-il excusable chez deux jeunes gens ainsi placés, et qui ne se connaissaient que depuis une semaine, de s’occuper plus de ce qui se passait dans leur voiture, que de songer à la tribu d’Indgiens qui s’éloignait ou au but de leur rassemblement. Je compris la nécessité cependant de consulter ma compagne sur nos mouvements futurs. Mary m’écouta avec une évidente anxiété, et ses pensées semblaient flottantes, car elle changea de couleur plusieurs fois.

— Si ce n’était pour une chose, dit-elle après quelques instants de réflexion, j’insisterais pour suivre mon père.

— Et quelle peut être la raison d’un changement de résolution ?

— Est-il sans danger pour vous, monsieur Littlepage, de vous aventurer parmi ces hommes égarés ?

— Ne songez pas à moi, mademoiselle Warren, vous voyez que