Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sept minutes et quatorze secondes. — C’est, ma foi, vrai ! Eh bien ? — Je demande le paiement. — Ah ! la bonne charge ! qui est-ce qui songe à payer par le temps qui court ? Même la Pensylvanie et le Maryland ne paient pas. — Mais j’insiste pour être payé. — Ah ! vraiment, vraiment. — Sur quoi Tom tire un papier de sa poche, et ajoute d’un air magnifique : — Eh bien, puisque vous êtes si exigeant, voici une décharge de par la nouvelle loi sur les faillites, signée Smith Thompson. — Le diable désappointé disparut en faisant entendre un grognement de rage.

L’oncle Ro rit de bon cœur de mon histoire mais au lieu d’en tirer les inductions que j’attendais, il n’en fut que mieux disposé à concevoir une bonne opinion du pays.

— Eh bien, Hughes, il y a de l’esprit parmi nous, il faut l’avouer, s’écria-t-il en pleurant d’attendrissement ; quoique nous ayons quelques lois perverses et quelques hommes pervers pour les appliquer. Mais voici Jacob avec les lettres et les journaux. Ma foi, le gaillard en a plein un panier.

En effet Jacob, nègre très-estimable ; arrière petit-fils d’un vieux nègre nommé Jaaf ou Yop, qui demeurait encore sur ma propriété de Ravensnest, venait d’entrer avec le portier, tous deux traînant le panier en question. Il y avait plusieurs centaines de journaux et plus de cent lettres. La vue de tous ces papiers nous reporta plus vivement vers les souvenirs d’Amérique ; et le dessert étant à peu près fini, nous nous levâmes pour jeter un coup d’œil sur nos paquets. Ce ne fut pas une petite besogne que de débrouiller notre courrier, tant il y avait de lettres et de journaux à partager.

— Voici quelques journaux que je n’ai jamais vus auparavant, dit mon oncle ; le Gardien du sol, cela doit avoir trait à la question de l’Orégon.

— Je le suppose comme vous, Monsieur. Voici au moins une douzaine de lettres de ma sœur.

— Sans doute, ta sœur n’est pas encore mariée, et peut encore penser à son frère mais les miennes sont mariées, et une lettre par an serait beaucoup. Voici cependant l’écriture de ma bonne vieille mère ; c’est quelque chose. Jamais Ursule Malbone n’oublierait son enfant. Eh bien, bonsoir, Hughes. Chacun de nous doit avoir assez d’occupation pour une soirée.

— Au revoir, Monsieur. Nous nous retrouverons demain à dix