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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/294

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— Cela dépend des circonstances, et en particulier du caractère des motions. C’est précisément cette même liberté du pays qui donne à un homme le droit de dire qu’il se soucie peu de vos motions, aussi bien qu’à vous le droit de les voter.

— Mais vous n’avez pas encore vu ces motions, monsieur, et tant que vous ne les connaîtrez pas, vous ne pouvez pas savoir si elles vous conviennent.

— C’est très-vrai ; mais j’en ai vu les porteurs, j’ai vu leurs manières, et je n’admets pas que la première réunion venue d’hommes connus ou inconnus puisse m’adresser des motions, sans savoir si cela me convient ou non.

Cette déclaration sembla frapper d’étonnement les délégués. L’idée qu’un homme seul pût hésiter à se soumettre au joug imposé par une centaine, était quelque chose de si nouveau, de si inconcevable pour des gens accoutumés à considérer la majorité comme la seule expression du vrai, qu’ils ne savaient comment se rendre compte de tant de hardiesse. D’abord ils semblèrent ouvertement disposés à relever l’injure ; puis vint la réflexion, qui leur disait probablement que ce serait une mauvaise voie à suivre, enfin ils se résolurent à mener les choses plus doucement.

— Dois-je donc conclure, monsieur Littlepage, que vous refusez d’accepter les motions d’un meeting public ?

— Oui ; d’une demi-douzaine de meetings publics mis ensemble, si ces motions sont injurieuses, ou sont présentées d’une manière injurieuse.

— Quant aux motions, vous ne pouvez rien en savoir, ne les ayant pas vues. Quant au droit qui appartient à des hommes assemblés de voter telles motions qu’ils jugent convenables, je présume qu’il ne peut y avoir question.

— Ce droit même, Monsieur, peut être mis en question, ainsi que nous avons pu le voir dans plusieurs de nos cours. Mais alors que le droit existerait dans toute l’étendue que vous lui supposez, cela ne vous donnerait pas le droit de m’imposer ces motions.

— J’ai donc à dire au peuple que vous refusez même de lire ses résolutions, monsieur Littlepage.

— Vous lui direz ce que vous voudrez, monsieur. Je ne reconnais de peuple que dans le sens légal du mot, et avec les pouvoirs limités qu’il exerce en vertu de la loi. Quant à ce pouvoir nouveau qui s’élève dans le pays, et qui a l’effronterie de s’appeler le