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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/190

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CHAPITRE XV.


Mon Dieu, donnez-moi la santé,
Sans superflu le nécessaire,
Et, loin du bruit de la cité,
Près d’une source un coin de terre ;
Puis, un ami sûr et discret,
Une compagne bonne et sage ;
Surtout un esprit satisfait,
Et je n’en veux pas davantage.

Anonyme



Marc et Brigitte passèrent, entièrement seuls, au Récif une semaine qui ne leur parut qu’un jour, et ils se trouvaient si heureux que c’était avec une sorte d’effroi qu’ils voyaient arriver l’instant du départ. Les moindres points de l’île furent visités successivement ; on fit même plusieurs excursions en mer ; le lieu de la catastrophe ne pouvait être oublié, et Brigitte ne pouvait se lasser d’entendre le récit de tant d’infortunes. Mais c’était toujours avec une joie infinie qu’elle remontait à bord du Rancocus. Le vieux navire s’associait dans sa pensée avec ses plus doux souvenirs. Et n’était-ce point là qu’elle avait contracté les nœuds qui devaient assurer à jamais son bonheur ? Aussi quand il fut question de départ, elle se récria et dit que, malgré son affection pour Anne, elle aurait voulu passer ainsi un grand mois. Mais le gouverneur — c’était le titre qu’Heaton avait donné à Marc, et dont Brigitte s’amusait à le saluer quelquefois — déclara que, malgré sa prédilection pour le Récif, et le charme qu’il trouverait à y passer toute sa vie auprès de celle qui était pour lui l’univers, il ne pouvait abandonner ses amis, et qu’il était prudent de retourner au Pic ; car il ne pouvait se défendre de quelques inquiétudes depuis qu’il savait qu’il y avait à peu de distance des îles habitées.

La traversée fut heureuse, et comme l’arrivée de la Brigitte se trouva coïncider avec celle de la Neshamony, il y avait dans