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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/237

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été marié, que sa fille était née ; Brigitte préférait cette habitation à toutes les beautés de l’Éden du Pic. Il ne fallait pas que le Rancocus tombât au pouvoir des sauvages sans combat. Marc pensa qu’il ne gagnerait rien à priver ses hommes de leur sommeil ; dès le matin, au point du jour, Bigelow irait travailler au schooner, mais Marc ne voyait pas la nécessité de continuer les opérations pendant l’obscurité. Le lancement était une entreprise délicate, et la nuit eût pu amener quelque accident. Après avoir pris toutes leurs précautions, les hommes allèrent se reposer, laissant une femme au Cratère, et une autre à bord, en vigie ; ce poste était confié aux femmes de préférence, les hommes ayant besoin de réserver leurs forces pour le combat. Tous étaient debout au Récif au point du jour. Aucun accident n’était survenu pendant la nuit, et, chose assez remarquable, les sentinelles féminines n’avaient pas donné de fausse alarme. Aussitôt que, du Sommet, le gouverneur se fut assuré que Waally ne pouvait être encore près, il donna ses ordres pour lancer le schooner l’Abraham. Une couple d’heures suffirent pour achever les travaux, et chacun s’acquitta de sa tâche avec autant de zèle que de promptitude. Des femmes préparaient le déjeuner ; d’autres charriaient les munitions aux différentes pièces, tandis que Bob les disposait et les chargeait l’une après l’autre, d’autres transportaient, à tout événement, quelques objets de valeur dans le Cratère ou à bord.

En examinant ses fortifications au jour, le gouverneur résolut de les augmenter d’une porte qui fermât plus efficacement l’entrée du Cratère. Il appela aussi deux ou trois hommes, et leur fit établir les filets de bastingage, dont le bâtiment était bien pourvu, pour tenir à distance les insulaires de Fejee. Ces travaux furent rapidement exécutés, et lorsque toute la colonie vint déjeuner, le schooner n’était pas encore à flot, mais tout prêt à être lancé. Marc annonça alors qu’il n’y avait pas lieu de se hâter, que les canots n’étaient pas en vue, et qu’on pouvait agir avec ordre et réflexion.

Cette sécurité faillit devenir fatale à toute la colonie. Les