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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/74

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bord, et il ne s’en était presque pas perdu. C’était encourageant pour l’avenir, car la crainte du manque d’eau était une de ses plus grandes perplexités. Si les vivres venaient à être rares, la mer pourrait y suppléer au besoin ; mais de l’eau potable, c’était ce qu’elle ne pouvait fournir.

On ne saurait se figurer la joie des canards au milieu de ces étangs improvisés. En voyant leurs ébats, Marc ne pouvait s’empêcher de se demander quel droit avait l’homme de contrarier les instincts d’aucune des créatures de Dieu. Mettre en prison des oiseaux, des oiseaux créés pour voler, c’était ce qui lui avait toujours répugné ; et il n’admettait pas cette réponse qu’ils étaient nés en prison, et qu’ils n’avaient jamais connu la liberté. Leur instinct les portait à s’élever dans les airs, et combien ne devaient-ils pas regretter l’usage qu’ils ne pouvaient faire de leurs ailes ! N’était-ce pas en prison qu’il se trouvait lui-même, et quoiqu’il pût marcher, courir, nager faire tous les mouvements du corps, en sentait-il moins amèrement les privations qu’il était condamné à subir !

Il était évident que la pluie n’avait pas encore endommagé les semences. Tous tes monticules étaient dans l’état où Marc les avait laissés bien qu’ils eussent été saturés d’eau. Quelques-uns même semblaient en avoir reçu plus que leur contingent, mais le soleil des Tropiques ne tarderait pas à y porter remède. Sa grande crainte était d’avoir commencé ses plantations trop tard, et que bientôt elles n’eussent à souffrir de la sécheresse. En tout cas, elles venaient de recevoir un bon arrosoir, comme disait Bob, et, connaissant l’influence du soleil sous cette latitude, Marc était persuadé que le résultat de la grande épreuve qu’il avait faite serait bientôt connu. S’il pouvait réussir à faire sortir quelque végétation des débris du Cratère, leur subsistance était assurée pour le reste de leur vie ; mais si cette ressource venait à leur manquer, ils n’avaient plus d’autre espoir que de chercher quelque issue sur une embarcation qu’ils auraient construite eux-mêmes. Dans aucun cas, à moins d’une nécessité extrême, Marc n’aurait renoncé à ce dernier projet, dont la