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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/134

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sons de Concorde se firent apercevoir. Un petit corps de colons sortit de la ville, ou pour mieux dire du village, par une extrémité, tandis que les Anglais y entraient par l’autre, ce qu’ils firent sans éprouver la moindre résistance, et avec l’air de conquérants. Lionel ne fut pas longtemps sans découvrir que, quoique l’approche du corps d’armée eût été connue depuis quelque temps, les habitants n’avaient pas encore appris les événements de la matinée. Des détachements d’infanterie furent envoyés de divers côtés, les uns pour chercher des munitions et des provisions, les autres pour garder les avenues conduisant à la place. L’un d’eux suivit le corps américain qui se retirait, et s’établit à peu de distance, sur un pont qui coupait toute communication du côté du nord.

Pendant ce temps, l’œuvre de destruction commençait dans l’intérieur, sous la direction principale du vieil officier de marine. Le nombre d’habitants qui étaient restés dans leurs maisons montraient nécessairement des dispositions pacifiques, quoique Lionel pût lire sur leurs joues enflammées et dans leurs yeux étincelants l’indignation secrète d’hommes qui, habitués à la protection des lois, se voyaient forcés de supporter les injures et tous les excès d’une soldatesque effrénée. Toutes les portes furent enfoncées, et aucun lieu ne fut regardé comme assez sacré pour être exempté des recherches insolentes des soldats. Ces recherches avaient commencé avec une sorte de modération, mais les insultes, les jurements et les exécrations les accompagnèrent bientôt, et des cris de triomphe se firent entendre, même parmi les officiers, quand on mit au jour graduellement le peu de munitions qu’avaient les colons.

Ce n’était pas dans un pareil moment que les droits de propriété pouvaient être respectés, et la licence des soldats était sur le point de devenir un peu plus sérieuse, quand on entendit tout à coup le bruit d’une décharge d’armes à feu, venant du côté du pont occupé par un détachement. Quelques coups de fusil isolés furent suivis de plusieurs décharges qui se répondaient avec la rapidité de l’éclair ; enfin tout annonça qu’un engagement très-vif avait lieu. Tous les bras restèrent suspendus, toutes les langues devinrent muettes de surprise ; et dès que ce son inattendu de guerre retentit aux oreilles des soldats, ils oublièrent tous ce qui les occupait auparavant. Les chefs tinrent conseil, et quelques