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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/136

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sans obstacle. Mais le bruit de l’engagement qui avait eu lieu à Lesington s’était déjà répandu dans l’intérieur du pays ; les habitants s’étaient réunis, et ceux qui étaient les plus voisins du théâtre de l’action accouraient déjà au secours de leurs amis. Il y avait peu d’ordre et point de concert parmi les Américains ; mais à mesure qu’un de leurs partis arrivait, il harcelait les flancs du corps d’armée anglaise, et faisait des efforts soutenus, quoique inefficaces, pour en arrêter la marche. D’une autre part, la population des villes se pressait derrière eux et menaçait l’arrière-garde, tandis que celle des campagnes se réunissait en face, et grossissait comme une boule de neige.

Avant qu’on fût à mi-chemin de Concorde à Lexington, Lionel s’aperçut que les troupes anglaises, malgré leur jactance, allaient se trouver dans un grand danger. Pendant la première heure de marche, et tandis que les attaques étaient encore faibles, momentanées et mal concertées, il était resté à côté de Mac-Fuse, qui secouait la tête avec dédain toutes les fois qu’une balle sifflait à ses oreilles, et faisait quelques commentaires sur la folie de commencer prématurément une guerre susceptible, disait-il, si on la nourrissait convenablement, d’amener quelque chose de joli et d’intéressant.

— Vous devez voir, major Lincoln, ajouta-t-il, que ces colons connaissent déjà les premiers éléments de la guerre ; car les drôles sont excellents tireurs, en prenant en considération la distance à laquelle ils se tiennent : six mois ou un an d’exercice, et ils seraient en état de faire une charge assez régulière ; ils ajustent bien, leur balle prend la bonne direction, et, s’ils savaient faire feu par pelotons, ils pourraient, dès à présent, faire quelque impression sur l’infanterie légère ; mais dans un an ou deux, major, ils ne seraient pas indignes des faveurs des grenadiers.

Lionel écouta ces discours et beaucoup d’autres semblables avec distraction ; mais quand les attaques devinrent, plus fréquentes et plus sérieuses, son sang commença à circuler plus rapidement dans ses veines, et enfin, excité par le danger qui devenait plus pressant, il monta à cheval et courut offrir ses services comme volontaire au commandant du corps, n’écoutant plus en ce moment que l’ardeur martiale et l’orgueil militaire.

Il reçut sur-le-champ l’ordre de se rendre à l’avant-garde, et faisant sentir l’éperon à son cheval, il courut à toute bride à tra-