Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh bien ! cousin Lincoln, apprenez-moi donc tout ce qui s’est passé, afin que je voie si je dois être glorieuse du lieu de ma naissance.

Lionel lui fit un récit abrégé, mais exact et impartial, de tous les événements dont il avait été témoin, et sa jolie cousine l’écouta avec un intérêt qu’elle ne cherchait pas à déguiser.

— Eh bien ! s’écria-t-elle quand il eut fini sa relation, j’espère que cette journée mettra fin à toutes les sottes railleries dont on nous a si longtemps fatigué les oreilles ; mais vous savez, ajouta-t-elle avec une légère rougeur et en souriant d’une manière aussi maligne que comique, vous savez que j’avais un double intérêt dans la fortune du jour, mon pays et mon admirateur.

— Oh ! soyez sans inquiétude, votre adorateur est revenu sain de corps, et vos rigueurs seules le rendent malade d’esprit ; il a fait toute la route avec une dextérité merveilleuse, et il s’est montré excellent soldat dans le danger.

— Quoi ! major Lincoln, dit, Agnès en rougissant encore, mais sans cesser de sourire, voudriez-vous me faire croire que Pierre Polwarth a fait quarante milles à pied, entre le lever et le coucher du soleil ?

— Il a réellement fait cet exploit entre deux soleils, si vous en exceptez une courte promenade sur mon cheval, que nos compatriotes m’avaient obligé à abandonner par prudence, et dont il a pris et conservé possession, malgré les périls auxquels cette témérité l’exposait.

— En vérité ! s’écria Agnès en joignant les mains avec un air de surprise affectée, quoique Lionel ne crût voir en elle aucune marque de satisfaction intérieure occasionnée par les dernières nouvelles qu’il venait de lui apprendre. Les prodiges du capitaine excèdent toute croyance ; il faut avoir la foi du patriarche Abraham pour croire à de semblables merveilles. Mais, après avoir appris qu’un corps de deux mille Anglais a reculé devant un rassemblement de paysans américains, il n’est rien que je ne sois disposée à croire.

— Le moment est donc favorable pour mon ami, dit Lionel à demi-voix en souriant. Il se leva pour suivre Cécile Dynevor qui venait de rentrer, et qui passa dans un appartement voisin en voyant arriver le capitaine Polwarth. On dit, ajouta-t-il, que la crédulité est le grand défaut de votre sexe, et il faut que je vous